Conference Of the Parties COP 27 AFRIQUE
Cette année, la COP se réunit à Charm El Sheikh (Egypte) du 7 au 18 novembre.
Cette réunion annuelle de 120 Etats a pour but de fixer des objectifs climatiques mondiaux, face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité, deux crises « jumelles ».
Il s’agit de trouver des arbitrages pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète, en sortant progressivement des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) et en combattant la déforestation.
Les catastrophes climatiques s’accumulent sur toute notre planète : canicules, sécheresses, incendies, cyclones, inondations, tornades, érosion côtière se multiplient. Et mettent en péril des millions de personnes… A ce rythme-là, on assistera inévitablement à de grands déplacements de populations et à de grandes famines…
Il faudrait donner un nouvel élan aux COP précédentes pour accélérer le changement. Pour l’instant, nous ne sommes pas à la hauteur des Accords de Paris signés en 2015 qui visaient à contenir le réchauffement de la planète à 1,5°.
D’autre part, il faudrait respecter l’aide décidée en 2009 par les pollueurs les plus importants aux pays les plus pauvres pour les aider à mettre en œuvre leur transition écologique. Les enjeux de solidarité entre Pays du Nord et Pays du Sud sont prévus à l’agenda de cette COP 27. Les pays développés devraient intensifier leurs efforts pour atteindre les 100 milliards de dollars par an qu’ils avaient décidé de mobiliser. Il s’agira de « coopération et de facilitation », avec une nouvelle approche des institutions financières internationales.
Ainsi, la France devrait continuer à aider l’Afrique. Et des annonces sont attendues, dans le domaine agricole notamment, autour de la « grande muraille verte » pour le Sahara et le Sahel.
Les pays les plus pauvres ont des trésors de biodiversité, avec forêts anciennes, mangroves, marais, terres humides ; il faut les aider et reconnaître un statut particulier à ces écosystèmes.
La France devrait aussi voter l’interdiction de l’exploitation des fonds marins.
Il ne faudrait pas que ces ambitions soient mises à mal à cause de problèmes géopolitiques, de la guerre en Ukraine, de l’inflation et de la récession…
Afin que cette COP soit celle de la mise en œuvre et des solutions concrètes.
Chantal Bathelier
Rochefort
Pourquoi la COP27 est aussi
un enjeu important pour la biodiversité ?
Maîtriser la hausse du réchauffement global est bien sûr primordial pour des raisons anthropocentrées, qui sont maintenant largement évoquées et connues. Mais une vision écocentrée est également nécessaire.
La crise climatique et la crise de la biodiversité sont et vont être liées de plus en plus fortement. La dégradation de l’état de la biodiversité et son érosion en cours n’ont pas commencé avec les récentes dérives du climat.
Christophe Egger, Expert en Biodiversité explique :
“ Clairement, la dégradation et la destruction des habitats, la surexploitation des espèces, les pollutions et les déplacements artificiels d’espèces dans des nouveaux territoires sont des causes plus anciennes, mais toujours d’actualité. Plus que jamais. A ne pas oublier.
Mais aujourd’hui se rajoutent à ces plaies les modifications rapides et inédites des conditions climatiques vécues par les organismes. Pour comprendre en partie cela, quelques notions d’écologie des populations me semblent importantes à partager. En simplifiant un peu…
Chaque individu, chaque population, chaque écosystème survie dans un environnement contraint. La vie est un arrangement difficile mais gagnant avec une somme considérable de contraintes. Chaque individu peut survivre dans une gamme de conditions environnementales données et bornées.
Les facteurs environnementaux sont innombrables : température, humidité, rayonnements divers, concentrations ioniques, vents et courants, bruit, textures des supports, symbiotes, microbiotes, parasites, compétiteurs etc. Mais aussi vitesse de changement, rythmes et prévisibilités de certains facteurs. Et certains jeux de combinaisons de facteurs (e.g. température + humidité + vitesse du changement vécu de celles-ci).L’intérieur de ces gammes de survies possibles forme la niche écologique. Si un individu se trouve à un moment hors de cet espace multifactoriel qui lui est propre, par définition il meurt. La sensibilité d’un individu est variable en fonction de son état (graine, larve, spore, condition physiologique du moment…) ou de son vécu (accommodation), mais peu importe, il y a toujours un « in » et un « out ».Pour une population lorsque les limites qui lui sont propres sont atteintes, elle disparaît. Les limites sont celles qui impactent les individus, plus d’autres (comme la taille minimale de la population, les sex-ratios etc.). Une population peut disparaître par mortalité trop forte ou natalité trop faible des individus qui la composent, parce qu’il n’y a pas assez de femelles, pas assez d’individus pour passer à travers les aléas de la dynamique d’une petite population, etc...Pour un écosystème, la destruction se fait par disparition d’une ou plusieurs des composantes essentielles qui le caractérisait. Cela peut être une population (e.g. une espèce d’arbre) ou un peuplement (= plusieurs populations d’espèces différentes, e.g. les coraux) et/ou un processus (un régime d’inondation, de feux, de gels, d’exploitation…).
Autre chose se met alors en place, qui sera ou non pérenne. Mais l’écosystème initial aura disparu, même s’il en reste des composantes”.
Nous commençons tous à prendre conscience de l’impact du climat sur la biodiversité. Nos fonds marins sont les premiers à subir l’impact, mais l’océan cache les dégradations qui restent invisibles à l’œil humain. Les habitats dégradés, surexploités ont des conséquenses sur la pêche. La décision de la France de mettre fin à exploitation des fonds marins est une grande et sage décision.
En tant que membre du Partenariat français pour l’Eau PFE, vice-présidente du Groupe de travail sur les Solutions Fondées sur la Nature, je suis convaincue que les États doivent travailler sur ces solutions au changement climatique fondées sur la nature.
Aujourd’hui les fonds climat n’apportent que 3 % des financements à la biodiversité. Il faut amplifier les contributions vers la protection de la biodiversité.
Le marché de l’élimination du carbone offre désormais des possibilités d’investissement de plus d’un billion de dollars. Les opportunités dans le monde des solutions fondées sur la nature doivent intégrer la stratégie climatique des entreprises, de leurs investissements et de leur stratégie RSE.
GARDONS L’ESPOIR D’un monde meilleur, les COP qui peuvent sembler inutiles, mais elles ont un rôle essentiel dans la chaîne des priorités données aux États pour un avenir durable et vivable.
Frédérique Tuffnell
Présidente