Retour sur la 6e édition des
Universités de la biodiversité
L’édition 2024 sur le thème “des forêts et des hommes" a permis de mettre en lumière la nécessité de protéger nos arbres et nos forêts. Le grand public a répondu présent, L e 20 septembre 2024 à Rochefort nous avons réuni par moins de 250 personnes. Les discussions et conférences ont porté sur les superficies forestières, les régimes juridiques, les usages économiques et écologiques des forêts, ainsi que les enjeux de leur préservation.
Nous avons abordé les combats pour préserver les forêts primaires, protéger la biodiversité en France, et les actions face aux sécheresses. L’impact du changement climatique et les incendies ont également été discutés, avec des interventions de jeunes éco-délégués et d’organismes comme l’OFB, l’ONF et le SDIS17.
Nous avons conclu sur une note d’espoir pour une société renaturée.
Retour en images
Plongeons au cœur de la forêt
Nous avons une longue histoire commune avec les forêts.
Au-delà de leur premier rôle de combustion pour nous chauffer, rappelez-vous à l’époque de Colbert, les arbres étaient coupés pour construire des bateaux de guerre ou partir à la conquête du Nouveau Monde. Colbert est à l’origine de la gestion forestière durable, que poursuit aujourd’hui l’Office National des Forêts, car il avait compris qu’une vision à long terme de la valeur économique de la forêt était nécessaire.
Aujourd’hui comment préserver ces zones de bien-être, de biodiversité forestière inestimable, qui forcent l’imagination et les balades enchantées comme dans celle de la forêt de Brocéliande. Qui n’a pas senti l’odeur de la forêt ? les douces mousses, les champignons, ces parterres de feuilles d’automne sont d’une senteur inoubliable. Chaque français vit à moins de 40 km d’une forêt.
Mais ces dernières années nos forêts françaises ont subi des défrichements excessifs, une surexploitation anarchique, ou des maladies ou des ravageurs comme par exemple les scolytes de l’Epicea.
Nous savons qu’en protégeant nos bois et forêts, nous protégeons la biodiversité forestière, la ressource en eau, la régulation des cours d’eau, et la limitation de l’érosion côtière. Avec les océans et les zones humides ce sont de puissants leviers de captation et de séquestration du carbone. Les forêts forment tle 2ème grand puits de carbone après les océans. A lui seul, un grand arbre peut stocker l’équivalent des émissions de CO2 de 5 vols allers- retours à New-York.
La transformation du bois assure des emplois dans nos régions et particulièrement dans les territoires ruraux. Elle crée de la valeur, s’appuie sur nos savoir-faire et appelle à l’innovation.
Nos forêts nous chauffent et le bois constitue la première source d’énergie renouvelable, loin devant le solaire et l’éolien.
Mais sans bruit elles disparaissent, elles subissent les effets du changement climatique, les sécheresses à répétition, les canicules, l’arrivée de nouveaux parasites, les incendies. Nos forêts ne parviennent plus à s’adapter aussi vite que les changements que nous provoquons.
Certaines espèces disparaissent, dépérissent sous nos yeux.
L’adaptation au changement climatique appelle un changement de regard pour reconstituer des forêts sinistrées, enrichir ou repeupler les zones impactées par les incendies par des arbres plus résistants.
Comment les territoires s’emparent-ils de ce sujet ?
La Nouvelle-Aquitaine est la région la plus boisée de France. Avec 3 millions d’hectares de forêt soit 17 % de la
forêt nationale. Les forêts occupent 34 % de la surface de la région. C’est donc l’une des premières régions forestières d’Europe.
Cette forêt a la particularité d’appartenir à plus de 91 % de propriétaires privés (265 000 propriétaires de plus d’un hectare) source IGN.
Des Landes de Gascogne, aux massifs feuillus de la Vienne, la Charente, le Périgord, la Creuse, la Corrèze, aux plateaux du Haut Limousin nous disposons d’une diversité d’espèces, du pin maritime, au chêne, aux épicéas, au châtaignier, au douglas, au hêtre.
Les forêts hébergent 80 % de la biodiversité terrestre, les animaux, les plantes les champignons, les bactéries fournissent des services indispensables à la nature, à la survie de l’homme.
Les milieux et les habitats de la Nouvelle Aquitaine ont été très majoritairement façonnés par les activités humaines et le sont encore aujourd’hui. A côté de l’urbanisation, la région connait des évolutions liées à la déprise agricole et à l’enfrichement. Et plaines agricoles sont souvent caractérisées par des paysages plats avec une faible diversité d’habitats.
Les vieilles forêts constituent un enjeu important de conservation de notre patrimoine naturel comme celle de la hêtraie du Ciron. Le Ciron affluent de la Garonne, forme dans sa partie médiane des gorges ouvertes d’une forêt-galerie de hêtres agréée de 40 000 ans (datation du carbone 14 de charbons collectés dans les sols de la forêt) ce qui en fait une des plus anciennes forêts françaises.
Les menaces qui pèsent sur les forêts sont donc nombreuses et nous avons tous en tête les incendies de 2022 dans les Landes et en Charente-Maritime.
Les attentes des français sur la protection de l’arbre et de la forêt sont donc très fortes.
L’arbre sera la clé d’entrée de cette nouvelle édition des Universités de la Biodiversité. L’arbre ne cache pas la
forêt. L’arbre est le végétal qui caractérise la forêt.
L’arbre est un organisme vivant, qui nait, se développe, grandit, se reproduit. Comme nous il respire, capte le carbone, filtre les eaux pluviales... sa valeur écosystémique est importante et pourtant il est vulnérable face aux incendies, aux sècheresses, ou face à l’invasion de parasites.
L’arbre contribue à relever le défi d’adaptation des villes et villages au changement climatique. Emblème de la nature en ville, l’arbre est de plus en plus en danger par la densification urbaine. Alors, comment découvrir ce vivant, complexe, ce végétal du quotidien de la ville comme de la campagne ?
Comment créer un espace de vie avec les arbres ? concilier urbanisation et conservation, gérer un arbre à risque ? et choisir les essences adaptées à un territoire ? L’arbre est synonyme de diversité biologique. La disparition d’une seule espèce peut entrainer à elle seule 30 espèces animales.
Aborder l’arbre par sa seule fonction systémique, permet de comprendre le fonctionnement de la forêt . Face à ces géants de l’espace et du temps que sont les arbres, la question qui s’impose est la suivante : « quel est leur secret ? »
L'équipe des UB
Frédérique Tuffnell, Michel Métais, Camille Coussy-Vetel, Annie Gilardeau,
Alain Boullet, François Agapit, Virginie Roussellot et Anne Tuffnell.
Un grand merci à nos intervenants
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Marc Mortelmans, journaliste, réalisateur et créateur de podcasts sur le monde du vivant
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Damien Bertrand, directeur Biodiversité et Environnement à l'Office National des Forêts
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Émilie Baruccand, anthropologue spécialisée dans les peuples autochtones d’Amazonie
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Gilles Bœuf, biologiste, notre fidèle parrain nous a présenté sa chère forêt de la Massane
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Denis Cheissoux, journaliste à France Inter pour l'animation de cette belle journée